ÉCOLE NORMALE

de

BEN AKNOUN

 

 

 

LE TRAIT D' UNION (1964-2000)

 

  

AUX YEUX DU SOUVENIR...( RAYON FÉMININ)

Marguerite BROCHE

 

L'ÉCOLE NORMALE d'EL-BIAR, grand bâtiment blanc en pleine campagne, alliant le confort et le calme, nous permettait d'admirer, au cours des saisons, à travers ses multiples baies, !a nature, tableaux dignes d'un peintre que Madame (Mademoiselle Martin) s'efforçait à chaque rentrée scolaire de faire apprécier aux nouvelles.

.... Accueil chaleureux des « anciennes », présentation de nos mères et grands-mères de promotion (charmante coutume qui, dans les années à venir sera dédaignée par les nouvelles promotions) .,.. Dortoirs aux couleurs gaies où, le dimanche soir, s`organisaient diverses farces : lits en portefeuille, verre d'eau au-dessus des portes .... Surveillantes plus amicales que sévères, soirées dansantes après le repas du soir dans l'amphithéâtre où, sur l'air de « ma petite folie » une normalienne nous présentait nos futurs professeurs. Voici notre professeur de physique-chimie :

 

« Tata Canivet

 Toujours distinguée

Si gentille et si câlée

 Elle nous aime

Et nous de même.

 Ici réciprocité »

 Rappelez-vous Monsieur CLAUDET essayant de nous intéresser à l'anglais, que nous chahutions gentiment pour le plaisir de le voir rougir ..., de Monsieur SAURIER en blouse blanche arpentant la classe pendant un contrôle rapide, l'odeur de formol flottant au-dessus des cuvettes à dissection, son bon sourire et ses paroles : « cet âge est sans pitié ! " ou encore : « il faut que jeunesse passe ! « .... Mademoiselle GREZEL qui savait si bien passer du tragique au comique pour nous faire apprécier nos grands Classiques .... Monsieur STAROPOLI (son remplaçant) dont les qualités humaines et professionnelles nous permettaient de nous épanouir, de développer notre personnalité .... Les cours de mathématiques de Madame MONOD où l'on entendait une mouche voler ,. la détente en dessin avec Monsieur DURAND qui considérait chacune d'entre nous comme une artiste, nous laissant peindre à notre fantaisie un coin de parc ou confec­tionner des marionnettes dansant le« rock and roll »  pour décorer notre bibliothèque ....

Qui a pu oublier Monsieur RIZZO, bon papa gâteau, qui, entre deux chants, écoutait avec bonhomie nos confidences, nos soucis de pensionnaires, et, pour nous distraire, nous récitait en sabir le corbeau et le renard .... Mademoiselle KARLE nous faisait découvrir, en philo, le monde, la vie, dans notre univers clos malgré quelques sorties en ville : spectacles de J M F à la salle Pierre Bordes, cinéma, ou longues promenades aux alentours : Hydra, forêt de BaÏnem, tant que les événements nous l'ont permis ....

Que de visages défilent : nos Directrices, Mademoiselle MARTIN dirigeant avec fermeté son établissement, si fière de ses « filles », de notre bonne réputation dans tout l'Algérois ; Mademoiselle LOUBEYRE que nous avons moins connue car, en quatrième année, nous ne pensions déjà qu'à voler de nos propres ailes .... Et puis que de choses nouvelles occupaient nos esprits : pédagogie, apprentissage du métier, boule­versement de nos vies bien tranquilles avec le 13 Mai, les réunions au Forum .... nos professeurs, maîtres et maîtresses d'application d'EI-Biar, de Châteauneuf, de Ben Aknoun, de Fort l'Empereur .,.. nos camarades, notre « mascotte » : le vieil Edouard (dit Tonto) adopté par l'École Normale de Miliana puis d'EI-Biar, qui n'avait pas son pareil pour « prendre la pose » dès qu'un photographe-amateur se présentait .... Souvenirs gais ou tristes, nostalgie de notre adolescence, de notre vie d'étudiante, de notre beau pays perdu !

 

Marguerite BROCHE,

 

 

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